"Un coup de dés jamais n'abolira le hasard" Stéphane Mallarmé.

Suzan Vachon est une artiste qui aime la poésie et les mots, elle pratique la vidéo. Elle est prof de Pratique Réflexive de la Création pour cette session d'automne 2010 à L'université du Québec à Montréal > (http://www.expo.umontreal.ca/expo_web/cybercat/rc/artistes/art11.htm). C'est un vrai plaisir de l'écouter parler et c'est pour ça que je reporte ici ce qu'elle a pu dire, la manière dont elle a pu le dire pour expliquer ce qu'est ce "carnet d'empreintes" : "Qu'est ce qui fait battre le coeur? C'est important en art". "On accueil, on écoute et ensuite on peut se faire une idée". "C'est important de dévelloper une sorte de porosité". "Nous sommes des entités à enrichir". "Trouver un ton de voix qui est le notre". "Tenir une sorte d'archive de travail. Un carnet d'empreintes...c'est à vous de reprendre ce qui a été lancé pour le faire rebondir à votre manière". "Chercher... il n'y a pas toujours de découverte, beaucoup de moment où l'on marche dans le noir, et là, ça allume quelque chose chez vous, quelque chose s'illumine par rapport à une compréhension des choses...beaucoup de temps...des moments où l'on est ensemble, d'autres où nous sommes isolés."

lundi 13 décembre 2010

« L’image: apparition unique, précieuse, quand bien même elle n’est que fort peu de chose, chose qui brûle, chose qui tombe. Telle est la « boule de feu » évoquée par Walter Benjamin: elle ne « franchit tout l’horizon » qu’à tomber vers nous, nous échoir. Elle ne s’élève que fort rarement vers le ciel immobile des idées éternelles: en général elle descend, elle décline, elle se précipite et s’abîme sur notre terre, quelque part devant ou derrière l’horizon. Comme une luciole elle finit par disparaître à notre vue et s’en va en un lieu où elle sera, peut-être, aperçue par quelqu’un d’autre, ailleurs, là où sa survivance pourra s’observer encore. » (Georges Didi-Huberman. Survivance des lucioles. édition de minuit, 2009, )

lundi 29 novembre 2010

L'EMPREINTE, sous la direction de Georges Didi Huberman. Centre Georges Pompidou. (Extrait)

Page 55- L'empreinte comme pouvoir.

(...) rapprocher le loingtain jusqu'à la sensation tactile (trace); éloigner le contact jusqu'à la distance infranchissable (aura) de la face en tant que telle.
Le propre d'une face, c'est bien sûr de se tenir en face de nous. C'est aussi, de faire du face à face une relation de regard. Point n'est besoin de voir distinctement une faciès, une physionomie , des traits, pour qu'une face nous regarde, pour que sa distance nous affecte et nous touche. Il suffit pour cela que nous prêtions à ce qui nous fait face le pouvoir de nous rendre un regard, le pouvoir de lever les yeux sur nous. "Sentir l'aura d'une chose, écrit Walter Benjamin, c'est lui conférer le pouvoir de lever les yeux." Telle est l'autre caractéristique fondamentale de l'expérience auratique: la phénoménologie de la distance apparaissante se complète ici d'une phénoménologie du regard échangé. L'expérience du regard porté sur un objet et en quelque sorte retourné par lui sur le regardant, voilà en quoi consiste ce que Benjamin nomme l'"aura d'une chose". Cette expérience ne va donc pas sans un anthropomorphisme essentiel: "L'expérience de l'aura repose (...) sur le transfert, au niveau des rapports entre l'inanimé- ou la nature - et l'homme. Dès qu'on est-ou qu'on se croit-regardé, on lève les yeux.
Il y a beau temps que Merleau-Ponty et Lacan ont montré les ressorts fondamentaux  de cet anthropomorphisme: même une boîte de sardines flottants sur l'eau peut se voir investie d'une telle puissance du regard. Or dans la construction de ce fantasme, l'empreinte possède un indégniable privilège. Rien n'est plus facile, -métonymie oblige- que de prêter à l'inanimé de l'empreinte ce pouvoir magique de l'animation avec laquelle elle fut un moment en contact, et même d'où elle tire sa nature d'empreinte. Un tel pouvoir est subtil: c'est lui, probablement que vise Pierre Fédida lorsqu'il parle du "souffle indistinct de l'image". Mais la subtilité, ici, est affaire de contact, ou plutôt d'un certain rapport entre le contact et la distance. contact ou se forme l'empreinte, désertée qu'elle se trouve maintenant par ce qui, autrefois, l'a engendré (...)

jeudi 18 novembre 2010

Mes intuitions n'étaient pas si mauvaises... Aby Warburg..." Jamais un coup de dé n'abolira le hazard" Mallarmé.


        Je tappe "Aby Warburg" dans Firefox, "images", et je suis heureuse de trouver à la page 4 cela...










Mnémosynes d'Aby Warburg (2) et (3), ( mélanges d'images de l'Antiquité et de la Renaissance), comme je l'ai écris précédemment: google=mélange d'images anciennes et nouvelles... Ce qui est là... Mais au milieu, Mich Finch (3)... Peinture = accumulation de couche d'images.

"Aby Warburg était vraiment un génie, je ne m'en lasserais donc jamais."

Extrait de "Soudain, les fantômes theologiques de l'image vinrent à ma rencontre" par Tristan Trémeau, L'Art même n°27.http://www.mickfinch.com/artmeme.html

De la mélancolie au messianisme


Cette oscillation complexe entre mélancolie et conditions de possibilité du visible doit être mise au compte de l'intérêt que porte Didi-Huberman pour la pensée d'Aby Warburg et les concepts de symtôme, de pathos formel, de survivance ou de "vie posthume" (Nachleben) de formes et de symboles rémanents. Warburg croyait à la nécessité biologique de l'image, au croisement de la religion et de la pratique artistique. Il était passionné et habité par les rapports et "revenances" morphologiques entre des images passées et récentes, qu'il archivait et organisait dans son projet Mnémosyne, resté inachevé à son décès en 1929 et composé d'une quarantaine d'écrans de toile noire où sont fixées presque un millier de photographies. L'ensemble composait "un atlas figuratif illustrant l'histoire de l'expression visuelle dans la région méditerranéenne"11, réalisé par un homme qui se percevait lui-même comme un reflet exemplaire de la "schizophrénie de la civilisation occidentale (…): la nymphe extatique (maniaque) d'un côté et le mélancolique dieu fluvial (dépressif) de l'autre"12.
Comme l'écrit Giorgio Agamben, cet atlas s'adressait au "bon Européen (comme il aimait dire en utilisant les mots de Nietzsche)" qui "aurait pu, simplement en le regardant, prendre conscience de la nature problématique de sa propre tradition culturelle, et réussir peut-être, ainsi, à soigner d'une manière ou d'une autre sa schizophrénie et à 's'auto-éduquer'"13. Didi-Huberman produit à partir de Warburg une histoire poétique et stylisée de la "vie posthume" des formes et des symboles et de leur "revenance" dans les images anciennes et actuelles qui "le regardent", mais dont il ne cherche pas à ce qu'elles le "guérissent". On n'entend d'ailleurs pas chez lui d'échos de la crise spirituelle et politique profonde que vécurent et affrontèrent ceux auxquels il se réfère - Aby Warburg, Walter Benjamin, Carl Einstein, Georges Bataille. On l'entend par contre chez Agamben lorsqu'il se réfère aux deux premiers dans ses articles regroupés en 1998 dans Image et mémoire. Sa thèse est que "l'expérience historique se fait par l'image, et les images sont elles-mêmes chargées d'histoire". Cette histoire n'aurait rien de chronologique, comme l'exemplifieraient Mnémosyne et le cinéma de Godard, mais tout de messianique: "c'est une histoire du Salut, il faut sauver quelque chose. Et c'est une histoire dernière, eschatologique, où quelque chose doit être accompli, jugé, doit se passer ici, mais dans un autre temps". Le montage, par la répétition et l'arrêt, assurerait ce sauvetage: "on n'a plus besoin de tourner, on ne fera que répéter et arrêter" car "chaque image (…) est la petite porte par laquelle le Messie entre".