"Un coup de dés jamais n'abolira le hasard" Stéphane Mallarmé.

Suzan Vachon est une artiste qui aime la poésie et les mots, elle pratique la vidéo. Elle est prof de Pratique Réflexive de la Création pour cette session d'automne 2010 à L'université du Québec à Montréal > (http://www.expo.umontreal.ca/expo_web/cybercat/rc/artistes/art11.htm). C'est un vrai plaisir de l'écouter parler et c'est pour ça que je reporte ici ce qu'elle a pu dire, la manière dont elle a pu le dire pour expliquer ce qu'est ce "carnet d'empreintes" : "Qu'est ce qui fait battre le coeur? C'est important en art". "On accueil, on écoute et ensuite on peut se faire une idée". "C'est important de dévelloper une sorte de porosité". "Nous sommes des entités à enrichir". "Trouver un ton de voix qui est le notre". "Tenir une sorte d'archive de travail. Un carnet d'empreintes...c'est à vous de reprendre ce qui a été lancé pour le faire rebondir à votre manière". "Chercher... il n'y a pas toujours de découverte, beaucoup de moment où l'on marche dans le noir, et là, ça allume quelque chose chez vous, quelque chose s'illumine par rapport à une compréhension des choses...beaucoup de temps...des moments où l'on est ensemble, d'autres où nous sommes isolés."

lundi 29 novembre 2010

L'EMPREINTE, sous la direction de Georges Didi Huberman. Centre Georges Pompidou. (Extrait)

Page 55- L'empreinte comme pouvoir.

(...) rapprocher le loingtain jusqu'à la sensation tactile (trace); éloigner le contact jusqu'à la distance infranchissable (aura) de la face en tant que telle.
Le propre d'une face, c'est bien sûr de se tenir en face de nous. C'est aussi, de faire du face à face une relation de regard. Point n'est besoin de voir distinctement une faciès, une physionomie , des traits, pour qu'une face nous regarde, pour que sa distance nous affecte et nous touche. Il suffit pour cela que nous prêtions à ce qui nous fait face le pouvoir de nous rendre un regard, le pouvoir de lever les yeux sur nous. "Sentir l'aura d'une chose, écrit Walter Benjamin, c'est lui conférer le pouvoir de lever les yeux." Telle est l'autre caractéristique fondamentale de l'expérience auratique: la phénoménologie de la distance apparaissante se complète ici d'une phénoménologie du regard échangé. L'expérience du regard porté sur un objet et en quelque sorte retourné par lui sur le regardant, voilà en quoi consiste ce que Benjamin nomme l'"aura d'une chose". Cette expérience ne va donc pas sans un anthropomorphisme essentiel: "L'expérience de l'aura repose (...) sur le transfert, au niveau des rapports entre l'inanimé- ou la nature - et l'homme. Dès qu'on est-ou qu'on se croit-regardé, on lève les yeux.
Il y a beau temps que Merleau-Ponty et Lacan ont montré les ressorts fondamentaux  de cet anthropomorphisme: même une boîte de sardines flottants sur l'eau peut se voir investie d'une telle puissance du regard. Or dans la construction de ce fantasme, l'empreinte possède un indégniable privilège. Rien n'est plus facile, -métonymie oblige- que de prêter à l'inanimé de l'empreinte ce pouvoir magique de l'animation avec laquelle elle fut un moment en contact, et même d'où elle tire sa nature d'empreinte. Un tel pouvoir est subtil: c'est lui, probablement que vise Pierre Fédida lorsqu'il parle du "souffle indistinct de l'image". Mais la subtilité, ici, est affaire de contact, ou plutôt d'un certain rapport entre le contact et la distance. contact ou se forme l'empreinte, désertée qu'elle se trouve maintenant par ce qui, autrefois, l'a engendré (...)

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